Par un télescopage des informations, révélateur de la minceur de la capacité de réflexion de la gent journalistique, nous avons lu, il y a quelques jours, quelques faits divers qui révèlent, eux, combien le citoyen moyen peut se sentir informé, rassuré, voire choyé, en un mot défendu contre l’agressivité de ce monde cruel dans lequel il baigne qu’il le veuille ou non. Ainsi, dans une même page, avons-nous lu que Monsieur Fofana avait, très vite, déclaré aux enquêteurs dépêchés en Côte d’Ivoire que, certes, décès il y avait eu mais qu’il n’avait rien, mais absolument rien à voir avec une quelconque volonté aussi criminelle qu’antisémite.
Aux dires de ce rigoureux voire très honnête amoureux de la vérité pénale, la mort en question n’était que le résultat d’un différent financier.
Voire d’un banal règlement de comptes administratifs.
Disons une sorte de régularisation entre supposés associés en désaccord sérieux.
Miracle de la sémantique moderne, de la nouvelle morale et de la justice universelle mise au goût du jour et de quelques associations droitsdel’hommistes.
Il fut un temps, lointain, biblique disons-le, où le règlement d’une pareille affaire se faisait par le truchement immédiat du plus proche parent de la victime.
On appelait ça la loi du talion. Loi qu’aucune société européenne, occidentale, disons moderne, ne saurait que réprouver.
En effet, existent désormais les droits de l’assassin auxquels il fait accorder beaucoup d’attentions et de temps, d’autant plus facile à trouver que du temps et des attentions, la victime, elle, n’en a plus guère besoin pour une raison très évidente.
Or donc, ce meurtre dans d’abominables conditions, est donc réduit à une simple discussion, peut-être un peu animée, qui s’est soldée par un décès probablement du à des causes naturelles, voire à un excès d’émotions consécutif à la tournure probablement agitée prise par la controverse.
On pense, d’ailleurs, que l’armée d’avocats qui, spontanément, se sont levés pour défendre l’honneur et la probité d’un si vertueux client, usera de ce genre d’arguments pour que leur doux protégé ne puisse tomber sous la griffe malsaine d’une justice aussi tatillonne que brutale et peu respectueuse des droits des citoyens libres et civilisés.
Le vulgum pecus dont nous faisons humblement partie se sent, d’un coup d’un seul, tout ragaillardi !
Si, dans une affaire épineuse, vous avez besoin d’une tribu d’avocats aussi spontanés que respectueux des droits des assassins, vous savez où vous adresser.
On est protégés non ?
MIRACULEUSE CARTE BLEUE
Idem pour ce qui concerne l’affaire de la mort de Géraldine Giraud et de son amie Katia Lherbier.
Tous les protagonistes, censés avoir eu des contacts avec les victimes et, surtout, leur carte bleue, ont été libérés.
Sous contrôle judiciaire certes mais ayant la plus large possibilité de vaquer à leurs occupations et, en tous cas, de profiter de la vie et de la liberté qui, ils le savent bien, sont des biens que la justice d’un pays judéo chrétien, tout plein de nouvelle morale, ne saurait que protéger.
Quant aux assassins éventuels, aux vrais de vrais donc, bernique. On ignore tout d’eux. On ne le saura sans doute jamais.
Il faut dire, ma brave dame, qu’il y a tant de gens de nos jours, qui perdent la vie, ou qui disparaissent pour des raisons qui resteront ignorées pour toujours…
Comment faire pour s’atteler à tout savoir… ?
On a tant à faire avec les vivants, s’il fallait, en plus, prendre soins des morts…
Au fait, quant à l’usage qui a été fait de la carte bleue d’une des victimes, on n’a pas encore pu faire le lien avec quoi que ce soit qui puisse accuser qui que ce fut.
Quand bien même l’usage en question ait été post mortem.
C’est probablement un des miraculeux services et avantages qui font que la carte bleue est si pratique mais si coûteuse.
Pouvoir s’en servir une fois mort c’est-y pas un miracle ça mon bon monsieur ?
Ce pourrait d’ailleurs être un bon argument de vente pour ces accessoires si indispensables à la bonne santé des banquiers : la carte bancaire, utilisable…éternellement.
On se sent protégés…à vie non ?
CIRCULEZ …
Et pour les attentats des années 95 ?
Eh bien c’est du pareil au même.
Le présumé coupable nie tout en bloc.
Après avoir, tout de même, reconnu, plutôt mollement et dans les années passées, avoir eu quelques petites choses à voir avec leur préparation et leur exécution.
Réflexion faite, désormais et de toutes manières, il nie ferme.
‘’Je n’ai rien à faire avec les attentats. D’ailleurs, je les désapprouve (ah bon parce qu’il aurait pu des fois… ?) et je n’ai jamais aidé quelqu’un à les faire car c’est contre ma nature…’’
C’est vrai ça. On se disait aussi, qu’avec une si belle et rassurante barbe…
Et puis, depuis des années en taule et s’arc-boutant des quatre fers pour ne pas être extradé, il ne pouvait d’évidence, ce saint homme si croyant, être qu’innocent de ces abominables assassinats commis au nom d’une idéologie, d’une cause, bref sinon d’une religion, du moins avec ses principes qui enseignent que les incroyants n’ont qu’un droit, celui d’être zigouillés s’ils menacent en quoi que ce soit la pureté du dogme.
Même s’ils n’ont rien à voir avec toutes ces histoires?
Même !
Circulez donc, il n’y a rien à voir. Pas de culpabilité donc.
La pureté ne se partage pas.
Appartenir à la race des incroyants est déjà une tare.
Aussi, le présumé coupable ne peut pas, affirmons le avec force, appartenir à la race de ces fous sanguinaires qu’il faudra, d’ailleurs, se mettre en mesure d’innocenter aussi, pourquoi pas ?
C’est, justement, le chemin suivi par ce réalisateur qui va probablement être récompensé pour son film retraçant la joyeuse, folle et enivrante aventure de ces deux kamikazes se préparant à se faire péter au milieu d’une foule d’hommes, femmes, vieillards et enfants infidèles qui sont assez vicieux pour appartenir à une race honnie des purs et saints croyants, que Dieu bénisse éternellement...
La pureté on vous dit.
Soyez sereins. On est, vous êtes protégés.
A condition, bien sûr, d’appartenir à la bonne race.
TROP RICHE
Et cet ahuri, ce provocateur, qui a eu la méchanceté de dire qu’il avait des sous devant des gens qui n’en avaient pas. Ou pas assez.
Eh bien il n’a eu que ce qu’il méritait au fond.
Il ne voulait pas donner son argent ? Il ne voulait pas partager dans un pays démocratique où règne la devise, on vous le rappelle, est tout de même liberté, égalité et, surtout, fraternité ?
Eh bien il faut de temps à autres rappeler à certains égoïstes, les grands principes fondateurs de tout pays civilisé.
Coupables de meurtre en bande organisée ces huit présumés coupables de la mort sous les coups du cadre de Peugeot ?
Vous rigolez non ?
Le procureur lui-même en a quasiment écarté l’hypothèse.
‘’La préméditation n’est cependant pas à exclure’’ a-t-il très noblement dit aux intervieweurs qui n’ont pas moufté mais qui aurait pu, tout de même, y aller de quelques commentaires dans lesquels ils auraient pu s’étonner de cette prudente restriction vu que massacrer un innocent, coupable il est vrai d’avoir quelques économies, était tout de même une circonstance plutôt aggravante et prend le pas sur toute autre considération…
Mais non !
Si les avocats de ces huit sympathiques et joyeux copains et copines arrivent à prouver, et on leur fait confiance, que ce malheureux décès ne résulte après tout que d’une discussion qui a mal tourné, ils bénéficieront des indulgences d’une justice qui ne peut oublier que les meurtriers ont aussi des droits.
Vous voyez ?
S’il vous arrive un jour d’avoir la main un peu leste à l’égard d’un provocateur de ce genre, vous serez protégé !
Au fait, quel rappoort de tout ce qui précède avec la minceur de capacité de réflexion de nos amis journalistes?
Oh simplement qu'ils pourraient faire l'effort de donner leur avis comme cela se faisait couramment il y a une éternité et demie. Du temps où l'Eveil du Poitou et le télégramme de Saint Dizier envoyaient une flopée d'envoyés spéciaux aux quatre coins de l'Hexagone (eh, oh! qui en compte deux de plus), et qui permettaient, ainsi, au petit peuple et à partir de la multiplicité des commentaires, de se faire une opinion à eux et non de subir celle qu'on leur met dans le crâne.
Parce que c'est, tout de même, ainsi, qu'on se sent protégé. En pensant comme on veut penser.
Pas comme veulent vous faire penser TF1-2-3, Jean-Pierre Pernaud, Bouygues, Lagardère, Patrick le Lay et PDA et Coca Cola.