Les éboueurs parisiens sont en grève. Raison : les trop-perçus que la mairie leur redemande.
Une fois encore, les injustement oubliés du bas de l’échelle, viennent nous rappeler que parmi les métiers utiles à la société, ils devraient se situer en tête. En effet, si les policiers font grève, c’est l’anarchie, si les gaziers et électriciens font grève, c’est l’âge des cavernes, si les boulangers font grève, c’est la famine et le régime minceur. Mais si les éboueurs s’y mettent, c’est la chienlit.
Y aurait-il donc une catégorie de travailleurs qui pourrait faire grève sans que cela importune la nation entière ?
Il en existe, nous l’avons rencontrée.
Reportage exclusif de Journal-Info.
Donc, une fois de plus les éboueurs sont en grève.
Pas assez payés ?
Pas vraiment.
En effet, il est fini le temps où le métier était le dernier des derniers après les tout derniers, celui que n’acceptaient que ceux qui ne voulaient pas tendre la main ou qui avaient échappé au bagne.
Désormais, en plus d’être syndiqués, la technique leur a apporté un relatif confort.
Celui de n’avoir pas à manipuler, de trop près, les cochonneries de leurs semblables, en clair, les excréments d’une civilisation qui ne sait comment faire pour saloper toujours plus la planète.
Et puis, côté horaires, on n’en est plus aux heures de nuit complète.
Par chez moi, il est déjà neuf heures et demie et ils ne sont pas encore pointés.
Pire, ou mieux encore pour eux, ils se permettent de m’apostropher, pas vers le mois de novembre décembre bien sûr, pour me faire remarquer que j’avais mis dans mon conteneur des choses qu’il m’aurait fallu trier au préalable.
Cela dit, côté salaire, ils m’ont dit qu’avec deux à trois ans de boîte, ou de mairie pour les régies, ils se faisaient entre 7 et 11.000.
Pas euros, francs.
Mais bon, pénible le boulot mais comme tout le monde en a besoin, personne ne rouspète si le service laisse à désirer, ce qui est rare d’ailleurs car ils le font généralement bien.
Et puis, la trouille qu’ils se mettent en grève tout de même…La preuve…
Justement, ce qui fait que, et on y arrive, lorsqu’ils la font, la grève, c’est la cata pour tout le monde.
On ne vous rappelle pas le tableau : conteneurs qui débordent, sacs en troupeaux, paquets crevés, chiens opportunistes, chats gourmets, et même les rats qui s’y mettent.
C’est la fête aux détritivores...!
LES DEPUTES AUSSI ?
Tiens, pourquoi j’ai commencé à parler des éboueurs moi ?
Ah oui !
Juste pour dire que lorsqu’ils font grève, tout le monde pleure.
Eh oui ! Lorsqu’un corps de métier s’arrête, c’est des problèmes pour tout le monde. Enfin tout le monde, les citoyens lambda évidemment.
Mais il existe, voyez comme on est observateurs à la rédaction, des métiers où jamais, au grand jamais, ceux qui le pratiquent font grève.
Ainsi, imaginez un peu que ce soit les députés qui se décident à la faire la grève eux !
Hmmm ?
Résultat ?
Eh bien c’est la grosse rigolade pour le pays tout entier !
Parce que, entre nous, hein, vous pensez qu’une grève de une semaine, voire un mois ou deux, va empêcher la machine nationale de tourner ?
Vous rigolez non ?
Et imaginez, plus haut encore, que les ministres, voire même le président de la République se mettent en grève.
-Pas possible !
-Comment pas possible ? On ne sait jamais ! Des fois que leurs conditions de travail, leurs patrons, je ne sais pas moi, leur salaire peut-être…
-C’est eux qui décident !
-Comment, quoi ? Ils se le votent eux-mêmes ?
-Normal non ?
-Et même leurs conditions de travail ?
-Pareil !
-Tout alors ? Mais enfin pourquoi ?
-Parce que ils représentent le pays, qu’ils en ont le droit, qu’ils font les lois et queeueueu, eh bien c’est nous qui payons !
-Oui mais ils pourraient nous demander notre avis pour leurs augmentations et même pour alléger leurs rythmes infernaux de labeur en faveur du peuple nécessiteux et demandeur exigeant et jamais satisfait.
-Mais non ! Ils bossent très fort vous savez ! Des fois même en séances de nuit. Si si, c’est vrai.
-Mais, au moins, ils ont des vacances ?
-Ca oui. De grandes. Et même quand ils veulent.
-Ca c’est pas un peu exagéré dites?
-Mais c’est qu’ils ont de très très lourdes responsabilités vous savez.
-Ah bon ? Sur leurs sous à eux ?
-Impossible. Il y a trop d’argent en jeu dans les financements publics.
-Donc, pas financières non plus? Mais s’ils gèrent mal nos impôts alors ?
-Eh bien il y a le budget, c’est simple.
-Quoi ? Comment ? Si je comprends bien, il leur suffit d’augmenter les suivants d’impôts?
-C’est la loi !
-Oui mais, quand même, ils ne sont pas contrôlés pour savoir s’ils font bien ou mal leur travail ?
-Le contrôle du peuple, tout simplement.
-J’ai compris. Tous les cinq à six ans et seulement par les électeurs, au moment des élections. Mais on n’a pas tellement les moyens de contrôler vous savez. Surtout après coup.
-C’est la démocratie mon cher.
-Ben dites donc ! C’est un bon métier ça. Je comprends qu’ils ne font pas grève souvent.
C’était notre rubrique, si vous cherchez un emploi, tâchez d’en trouver un bon.
PS : Toute ressemblance avec quelque personnalité ou situation que ce soit ne serait que pure coïncidence.
Et ne saurait, aucunement, engager notre responsabilité.
Ben, nous aussi non ?