4.983 morts ?
5130 morts ?
Voilà-t-il pas que des experts (dans un monde d’experts, que ceux qui ne le sont pas aillent se cacher) se disputent les chiffres des morts sur les routes.
Quelle différence cela fera-il dites moi ?
Cent de plus, cent de moins ?
Quelle importance ?
La catastrophe, la tristesse, la douleur, l’avenir disparu, qu’est-ce que cela pèse dans la tête des calculateurs de plus en plus informatiques et de moins en moins humains ?
Les assurances paient ?
Oui mais quand, d’abord ?
Quand et combien ?
Et même.
L’argent ne fait évidemment pas tout. Un mari, une femme, un père ou une mère, un enfant, voire une famille disparue et un ou deux gosses qui restent. Seuls.
Quelle réparation suffisante du mal fait ?
Aucune.
LES COUPABLES CONTINUENT A VIVRE
Certes, le ou les coupables ‘’paieront’’, si tant est d’ailleurs puisque tuer au volant est totalement exonéré de peine véritable.
Un meurtrier par arme à feu ou blanche ou de toute autre manière, risque entre 5 ans et perpète, c’est-à-dire une vingtaine d’années au pire.
Par contre, outre l’interdiction de permis qui ne pèse pas lourd, tuer avec sa bagnole coûte très peu : il est rare de voir condamner un coupable à plus de 2, 3 ou 4 ans de prison.
La vie des autres qui mérite d’être prise en compte et respectée est celle du coupable, pas des victimes.
La victime est morte une fois pour toutes, sa famille démolie à vie, mais le coupable continue à vivre. Voire à bien vivre.
Belle justice, belles lois, beau système, charmante société.
Charmante société qui a réussi à nous fourrer dans la tête que Notre Progrès, notre Modernisme, notre confort même relatif, valait bien çà !
Car il est surtout interdit de remettre en cause de la société libérale et ultra libérale.
‘’C’est la rançon du Progrès’’ nous bêlent les ‘’responsables’’ qui récupèrent quelques points aux sondages à coups de discours compassés aux obsèques lors, entre autres, des mirobolantes catastrophes aériennes.’’
C’est le même esprit qui sous-tend la société toute entière pour laquelle le plus grand malheur qui puisse lui arriver n’est pas que les statistiques des morts sur la route augmentent ou seulement existent, mais bien la disparition de la bagnole et l’obligation de marcher à pied.
Pour tout le monde.
A égalité en plus.
La récession ! La Honte ! L’horreur quoi !
VOUS TRAVAILLEZ ET ON S’EN SORTIRA !
Voili voilou. C’était pour vous montrer toute la différence entre la vie pour le fric et la vie pour la…vie.
Ce dilemme, qui n’en est pas un vu que la solution existe mais que tout le corps social la refuse, est bien au centre du bouquin que vient de commettre un nouveau crâne d’œuf, qui a découvert que les Français sont vraiment trop pessimistes.
‘’En effet, nous dit-t-il d’un index accusateur et en plissant le front, ce n’est pas parce que la France se retrouve à la queue des nations européennes, et même bientôt derrière le Bengladesh, pour ce qui est de notre PIB et de notre compétitivité, qu’il faut être moroses.’’
En fait nous susurre-t-il, nous avons le droit d’être tristes mais pas trop car si notre situation est catastrophique au plan financier, elle ne l’est pas autant que nous voudrions le faire croire.
Donc, souriez !
Et acceptez de vous mettre dans le crâne qu’il va falloir changer.
-Changer ?
-Oui ! Changer ! Enfin vous mettre au travail ! Ne plus rêvasser au lieu de bosser !
Ne plus croire que pour gagner face au libéralisme, les lois de protection sociale doivent être maintenues et le remboursement de la Sécu pérennisés.
Il faut, dès à présent, renoncer à nos petites et grandes aises.
Déjà revenir aux 48 heures payées 35.
Et supprimer les RTT et les 35 jours de congés payés.
Et même supprimer les congés payés en totalité!
Et vivre avec un SMIC à 500 euros !
-Comme le Ukrainiens ?
-Comme les Ukrainiens. Ils s’en contentent bien non ? Alors vous pouvez faire de même !
Vous verrez, c’est comme çà que la France va se retrouver au premier plan de la compétitivité internationale. Si, si, on va dépasser les Anglais, les Américains, les Japonais, même les Chinois et les Indiens si on veut bien se relever les manches !
-On ? Qui ça on ? Tout à l’heure c’était vous maintenant c’est on. ‘’Vous’’ pouvez vivre avec des nèfles et ‘’on’ va s’en sortir ! Il y a un truc là.
Si on comprends bien, ‘’vous’’, c’est nous, et ‘’on’’ c’est vous non ? Vous, c’est nous qui allons bosser et ceux qui vont s’en sortir c’est…vous surtout non ?
‘’Vous’’, cher lecteur, avez finalement bien compris ce pur raisonnement technocratico-égoïste : si vous travaillez dur, ‘’on’’ pourra vivre bien.
Si les Français de base acceptent de vivre encore plus dans des conditions d’esclaves pires qu’auparavant, leurs guides suprêmes pourront vivre mieux qu’à présent.
Ce qui fait déjà pas mal.
Et si ‘’vous’’ ne sont pas d’accord ?
‘’Eh bien, affirme notre bon docteur Coué Goebbels, nous allons, peut-être, vers un problème…violent !’’
-Violent ?
-Hélas oui ! Peut-être pas obligatoirement mais peut-être bien tout de même.
-Ah bon ? Si c’est seulement que peut-être, on pourrait, peut-être, essayer. Juste pour voir. Parce que si violence il y a, qui est-ce qui la craint le plus ? Qui a le plus à perdre dans cette violence annoncée ?
Voilà messieurs dames.
On était partis à causer statistiques routières et on finit par mettre en cause le système néolibéral américano sino européen.
Croyez-nous. Il faut se méfier des statistiques.