Ceci posé, cette affaire n’est qu’un épiphénomène dans le mouvement de relativisation des valeurs fondatrices de notre civilisation. Ou de ce que l’on nomme ainsi. Politique, droits des minorités, alimentation, commerce, industrie, finances, médecine, toutes les activités humaines portent désormais la même marque : le bien et le mal se confondent inextricablement. Et, au-delà des interrogations, réponses et autres débats sur les questions soulevées par les dons d’organe et autres ‘’droits à la mort’’ que revendiquent certains, c’est toute la morale, ou le manque de morale, de la société, et de ceux qui la dirigent et/ou la composent, qui est directement en jeu. Commentaires.
Pour parler simplement, la putréfaction bien avancée dans laquelle marine notre société, toutes activités confondues, nous la nommerons donc morale relative.
A tout seigneur tout honneur, ainsi des pratiques politiques qui gouvernent notre quotidien d’une main de fer dans un gant d’acier inox, quand bien même il est peinturluré de riantes couleurs.
Exemple l’égalité devant la loi.
Malgré leur collaboration alimentaire avec le pouvoir, (aujourd’hui comme hier et bien moins que demain), les medias nous couinent depuis quelque temps, que cette égalité n’est pas égale pour tous. En fait, elle serait plus égale pour certains, les happy few, et bien moins pour les autres. La masse disons le mot.
Et ce malgré la sacro sainte Constitution qui clame le contraire dans son article premier.
Exemple : les infractions au Code de la route, qui, désormais, seront courageusement traitées suivant le principe de la tolérance zéro, stationnement litigieux compris.
Pour ce genre de délit, si vous êtes plébéien, nulle compassion à attendre, disons au hasard, pour un dépassement involontaire de 10% de la vitesse limite. Par contre, si vous êtes ministre de l’Intérieur ou président de la République, à vous la liberté, comme nos confrères d’Auto Plus ont pu le constater en suivant, à plusieurs reprises, les voitures des princes qui nous gouvernent (1).
150 à l’heure au lieu de 90, voire de 50, cela ne saurait compter lorsque le destin de la Nation est en jeu. Une vulgaire infraction à la règle républicaine pourtant intangible, ne saurait arrêter le char de l’Etat.
De même concernant la petite affaire de la piscine de Brégançon. L’éditorialiste venimeux d’un quotidien national a osé faire remarquer que, déjà, ce désir, bien légitime il est vrai d’un isolement estival réparateur, ne saurait, toutefois, tutoyer une autre règle intangible de la République qui est de ne pas toucher aux monuments classés. En effet, le fameux fort est un site qui l’est hautement classé. Et une piscine dans un site classé…l’on pourrait s’attendre à un niet de plomb de l’architecte en chef des bâtiments concernés…mais voire…
D’autant que, sans compter que le sol du méga fort Boyard en question, c’est du dur de dur, du roc de l’ère primaire au moins. Et pour creuser là-dedans, merci. Le site classé risque d’en souffrir quelque peu. Et les travaux de coûter bonbon.
Alors ?
A noter au passage pourtant, que le désir noblement annoncé et affiché du président de se rapprocher du peuple, est évident et d’autant plus louable que c’est bien la première fois, et depuis bien longtemps, qu’un chef de l’Etat, de de Gaulle à Mitterrand confondus, accepte de côtoyer le populo barbaro.
Dommage donc, que ce désir n’aille pas tellement avec cette volonté désormais très claire de mettre de la distance entre la famille suprême et la France d’en bas.
N’aurait-il pas été plus simple d’user de la plage de Brégançon, certes ouverte à tous ?
La meilleure manière de décourager les importuns, paparazzis compris, et nous parlons d’expérience, étant de faire comme si de rien n’était. ?
Après quelques jours de curiosité débridée, de photos et d’autographes à tire-larigot, la famille aurait fini par avoir la paix. Dût-elle être protégée par des gorilles à qui il est en plus possible de demander de se montrer fermes mais compréhensifs.
Au pire, juste à côté de Brégançon, une plage appartenant au Grand Duché du Luxembourg et bénéficiant du statut d’exterritorialité, pourrait être, aussi, une solution de rechange qui n’attenterait pas à l’intégrité du caractère historique du fort.
Mais bof, de si vulgaires considérations et insinuations, surtout venant des sarcasmes d’un quotidien bien connu pour ses préférences gauchistes, ne sauraient changer le cours de l’Histoire nouvelle qui est la nôtre.
Et puis bon. Le peuple c’est comme l’alcool : ça vous enivre de temps à autres, mais à consommer avec modération.
Dommage. Une bonne occasion perdue de faire ce qu’on dit quand on a dit qu’on allait le faire.
Traitement inégalitaire imposé par quoi ? La sécurité, certes, mais la Constitution là-dedans alors ? Mieux vaudrait donc la changer car le petit peuple ne pourra jamais s’empêcher, et on ne pourra jamais l’empêcher, de penser que dans la France des droits de l’Homme, il y a toujours et de plus en plus, deux poids et deux mesures.
La Fontaine nous avait pourtant avertis : selon que vous serez puissant ou misérable…
Morale relative donc.
26.000 ANS AVANT LA RETRAITE
On la retrouve d’ailleurs cette morale qui a la curieuse particularité de ne pas l’être, dans le traitement, au sens propre du mot, des capitaines d’industrie et de leurs esclaves.
Alcatel, EADS, plus ça change et plus c’est pareil.
Un ouvrier, un employé, voire un cadre qui se manque et c’est la porte, au mieux le blâme et le mauvais point pour l’avancement et la prime.
Par contre, un PDG qui coule la boîte, et c’est le parachute doré…après le golden hello lorsqu’il est entré pour avoir condescendu à venir driver une entreprise en difficulté…seulement, il est vrai, à condition que, s’il n’y arrive pas, il s’en ira très exactement avec les mêmes avantages que s’il l’avait remise sur pied.
Normal : lorsqu’une entreprise bat de l’aile, les actionnaires qui ne savent plus à quel saint se vouer de voir leur capital perdre ses couleurs, acceptent n’importe quelles conditions pourvu que leur sauveur leur fasse miroiter une remontée de leurs actions…quitte à se faire gruger par un ‘’incompétent mais pas malhonnête’’, comme s’en est vanté monsieur Lagardère que les juges hésitent d’accabler vu que le fait d’avoir vendu ses actions tout juste deux mois avant le retard de deux ans pris par l’A 380, ne relève que d’une regrettable coïncidence.
A titre indicatif, on pense très fortement, qu’un comptable qui, après une énorme erreur de caisse, aurait, fissa, demandé sa mutation dans un autre service avant qu’on ne découvre la catastrophe, se verrait très certainement demander quelques comptes non ?
Mais qui oserait en demander, des comptes, à un chef censé être, au pire, incompétent, mais surtout pas malhonnête ?
Vu qu’un chef, depuis Jules César et c’est la morale de notre Système, ne peut être qu’honnête. Et que les chefs il en faut et que si on les punit sévèrement pour incompétence, ils n’auront plus envie d’être chef.
Il est pourtant vrai que incompétents, quelquefois, cela peut tout de même se comprendre. Ces hommes qui nous dirigent, travaillent tellement.
C’est d’ailleurs pour cela que, travaillant plus, ils gagnent plus. Et même beaucoup plus. Voire beaucoup, beaucoup, beaucoup plus.
Exemple, les indemnités de départ du président d’Alcatel.
Il en a reçu autant que…26.000 ans de salaire d’un smicard.
26.000 ans, mais en travaillant 24H sur 24 et 7 jours sur 7 s’il vous plaît.
Pas question de rigoler ni d’aller passer ses vacances au camping des flots bleus et moins encore sur quelque yacht ou dans quelque villa corse, divinement protégée à jamais contre d’impossibles attentats nationalistes.
‘’Eh Paulo, c’est encore loin la retraite ? Tais toi. Bosse.’’
LIBERTE DE CONTRAINDRE
Morale relative encore ?
Celle des supermarchés.
Leur morale c’est celle qui repose sur les contraintes qu’ils imposent à leurs fournisseurs et à leurs clients.
Leur Système est censé être le bon. La preuve, les prix qu’ils consentent aux consommateurs.
En fait, qu’ils imposent vu les augmentations qu’ils se sont permises au moment du passage à l’euro et à celles qu’ils nous font subir sans contrôle aucun puisque les prix sont libres.
Par contre, leur liberté à eux impose SES limites à notre liberté à nous.
‘’C’est la loi du marché répondent-ils aux remarques et critiques. Vous n’avez qu’à aller en face.’’…sauf qu’en face, les prix sont quasiment les mêmes, en particulier sur les produits à forte valeur ajoutée genre TV électroménager etc.
Là, comme les contrôleurs des services dits compétents n’ont jamais le temps ou l’envie d’y regarder de près, on assiste au quotidien à cette curieuse ressemblance des prix, au centime près souvent, sur des produits vendus en même temps dans une demi douzaine d’enseignes différentes, discounts compris.
Morale pour les clients : impossibilité de choisir librement.
Morale pour les hyper et super : liberté de contraindre les consommateurs.
La liberté du chasseur n’a pourtant jamais eu vraiment la même couleur que la liberté du gibier.
La morale censée être la même pour tous en prend un sacré coup.
Mais le darwinisme économique n’est-il pas la suprême justification ?
MIEUX VAUT PREVENIR QUE GUERIR
Et les dons d’organes là-dedans ?
Douloureux problème d’évidence. A propos duquel nous n’allons évidemment aussi, pas prendre de position ferme car, comme le dit le proverbe, sur la question l’on compte autant de têtes qu’autant d’avis.
Et l’on ne se sent pas le courage de choisir entre la douleur d’un dialysé à vie qui attend, soit la mort, soit une greffe salvatrice, et celle d’une famille éplorée qui a tout de même le droit ultime de faire respecter l’intégrité de la dépouille d’un être aimé.
Alors ?
Nous prendrons un biais. Pas courant ni commode non plus.
Celui de constater que dans cette histoire, il y a quelque chose qui nous gêne horriblement. C’est l’impasse dans laquelle s’est fourvoyée la médecine.
En effet, le seul fait du rejet systématique d’un organe greffé, nous démontre à l’évidence que ce procédé-là, même s’il prolonge la vie, en ne supprimant pas l’issue fatale, n’est pas LA solution. D’autant qu’il revêt un aspect que nous aurons l’insolence de qualifier de moyenâgeux.
Remplacer un bras, un cœur, des poumons…
Et pourquoi pas une tête tant qu’on y est. Car les progrès de cette médecine pourront probablement y arriver un jour.
Mais alors, quid de l’unicité de l’individu ? Et de la signification de son identité propre ? Et de la responsabilités de ses actes ?
Sauf qu’elle résout, il est vrai, nombre de problèmes, la médecine actuelle ne nous plaît pas. Son caractère curatif est contre Nature.
Hippocrate le disait pourtant : ‘’Sois ton propre médecin’’, et enseignait la tempérance, la prudence, la sobriété et, en cas de besoin, le recours aux produits naturels les plus simples. Avant de traiter, il conseillait.
Exemple d’une médecine qui déraille ? L’emploi délirant, durant des années, des antibiotiques qui, au passage, exonérait la plupart des auxiliaires soignants, d’user du savon de Marseille, de la Javel, de se faire couper les cheveux et d’observer quelques élémentaires règles d’hygiène corporelle.
Pour une toux rebelle, une poussée de fièvre passagère, le recours aux antibiotiques était le sésame de la santé.
Depuis quelques années, on en revient. Et les messages alarmistes pleuvent. Tout autant que les précédentes incitations à l’abus permanent.
Dès lors, comment faire confiance en une médecine qui vous convainc de sa toute puissance mais ne s’estime jamais tenue à une obligation de résultats ? Comment lui faire confiance lorsqu’elle s’interdit de conseiller une vie raisonnable et a minima mais vous permet toutes sortes d’excès en vous garantissant la santé, a posteriori, à l’aide d’une avalanche de médicaments qui améliorent surtout la santé et le bien être des laboratoires aux bénéfices croissants ?
La meilleure médecine nous disaient les vieux de la vieille, c’est la médecine préventive pas la curative.
Moins de produits miracle et plus d’auto contrôle.
Lorsque j’avais dix ans et l’angoisse du lundi matin, vu que je n’avais pas appris mes leçons d’arithmétique, je me trouvais quelquefois un sérieux mal de tête ou de ventre qui me donnait un air de rescapé de la grippe espagnole. Le médecin de famille arrivait et me jetait très vite un coup d’œil connaisseur.
‘’C’est sérieux disait-il à mon père et à ma mère dans l’angoisse’’. Le diagnostic me comblait d’aise…mais il ajoutait, ‘’On va commencer par simplement du bouillon de poireaux soir et matin pendant au moins trois jours. Et SURTOUT RIEN D’AUTRE.’’
Une heure après, le remède avait fait son effet et l’après-midi, je me sentais largement assez en forme pour filer à, l’école…
Aujourd’hui, dès l’enfance, les repas c’est ‘’comme tu veux mon chéri’’ ou ‘’tu ne veux pas de poisson, tu veux un Big Mac ? Ou une glace à la fraise ? Ou un pain au chocolat ?
Et pour la toux c’est le sirop, et pour la fièvre la petite poudre blanche avec du sucre parce que ça a pas bon goût.
Certes, on en vient, (revient ?) aux cinq légumes et fruits par jour. Sauf que les fruits et légumes sont farcis de pesticides (France championne d’Europe de la consommation) et que les grandes surfaces aidant, les prix sont à la hausse permanente. La paupérisation faisant son effet, il est nettement moins cher de vivre (survivre ?) à coup de pâtes, de riz et de charcutailles bien salées et bien caloriques.
Et puis, dites, médecine pour médecine. La France vient seulement de reconnaître l’acupuncture…alors que la Chine la pratique depuis trois mille ans au bas mot.
Et que dire de l’arrogante position dictatoriale de la médecine officielle à l’égard des autres, de toutes celles qui n’ont pas l’heur de lui plaire ?
Même l’homéopathie, qui pourtant est remboursable, est considérée quasiment comme immorale. La morale médicale officielle tenant lieu de repère absolue et indéboulonnable.
Certes, les médications parallèles fourmillent et il en est de franchement dingues mais si les médecins prenaient plus de temps à conseiller qu’à prescrire ?
Ne serait-ce qu’en raison du principe de précaution ?
Peut-être bien que le trou de la Sécu commencerait à se fermer non ?
Tiens, un autre exemple. Que disent-ils nos gourous de la médecine des OGM et de leurs effets possibles, voire probables, sur les générations présentes et à venir ?
Le corps médical observe pieusement le principe de la sagesse des trois petits singes. On ne voit pas, on n’entend pas, donc, on ne dit rien.
N’est-il pas plus commode de demander, et d’obtenir, l’augmentation d’un puis deux euros, de la consultation ?
Un à deux SMIC de plus par mois, ce n’est pas à dédaigner non ?
Et puis les laboratoires ne sont jamais avares de remerciements et de récompenses.
Et la morale là-dedans ?
Immoral de prétendre soigner autrement que de manière officielle ?
Ou d’omettre de conseiller utilement en se contentant de soigner officiellement mais sans garantie de résultat ?
(1) ''Les princes qui nous gouvernent'': expression de monsieur Michel Debré, ex ministre gaulliste et père de Jean-Louis Debré récemment encore président de l’Assemblée Nationale, et qui, il y a une cinquantaine d’années, fustigeait, dénonçait, faisait honte à l’insolence et à l’avidité des puissants de la Quatrième de l’époque…jusqu’au moment où il s’installa à leur place et installa au même empire…en pire.