Encore les ouacances ?
Ben oui quoi!
On n’ a jamais été aussi proches des prochaines non?
Alors autant faire durer le plaisir des précédentes…
Et puis il faut qu’on vous en dise une qui nous est arrivée.
Une vraie et pas triste.
Des comme ça on n’en rencontre que dans les joyeusetés récoltées par le ‘’Canard Enchaîné’’. Ou carrément inventées.
Mais celle-là, on vous jure, elle ne l’a pas été.
C’est une vraie de vraie. Comme toutes les autres d’ailleurs.
On a même pris le temps de la copier, de la recopier en fait car il s’agissait d’un avis placardé sur une porte cochère, afin que nul n’en ignore.
Pour que tout le monde le voie bien, il était imprimé sur un beau papier jaune.
Et c’est au cours d’une balade à VTT que nous sommes donc tombés dessus.
On vous propose d’en savourer le goût.
Goût très provençal, on s’en doute, mais juste littéraire s’entend.
Emberlificoté des circonlocutions administratives habituelles, le texte, concocté par monsieur le Maire du village dont nous vous tairons le nom, disait ceci :
’’Monsieur’’ (On respecte sa bonne réputation par cet anonymat complice on le concède) Untel donc, ‘’maire de ‘’(anonyme aussi le village en question sans cela n’est-ce pas… ?) ‘’ ,ayant constaté avec amertume les appels répétés de la mairie, en matière de divagations de chiens, a décidé de déposer les matières devant les portes des propriétaires.’’
Ben oui. Vous avez bien lu.
Force doit, toujours, rester à la loi. Même si sa mise en œuvre doit passer par certains œuvres, sinon basses, de très modeste altitude du fait de la nature. Canine, évidemment.
Notons déjà, pour la langue française, que dans le texte, la colère magistrale a, probablement poussé le maire à en oublier quelques petites règles de logique.
Relisez donc et voyez s’il ne manque pas quelque chose.
Notamment après le mot amertume.
Nous pensons que, pour une meilleure appréciation du texte, il aurait fallu écrire ‘’ayant constaté avec amertume, le peu d’effets des appels répétés de la mairie, en matière etc…’’.
Ca se lit mieux non ?
Mais ce ne sont là que broutilles il est vrai.
La suite, le ‘’en matière’’, a de quoi nous réjouir un peu plus, puisqu’il est suivi par la décision de ‘’déposer les matières’’, ce qui, du coup, en matière de matières, va en faire un bon paquet…
Où, dès lors, mettre tout ça sinon devant les portes des contrevenants ?
Logique non ?
Mais, bien entendu, le plus plaisant de l’histoire réside bien dans le fait qu’on voit d’ici le manque de commodité évident de l’exécuteur des basses oeuvres, pour distribuer équitablement les punitions non aux toutous mais bien à leurs maîtres indisciplinés, ces mauvais Français comptables désormais devant l’Histoire, d’avoir ainsi vilainement créé bien de l’amertume à un bon maire épris de propreté municipale en général et canine en particulier.
Exécution de la sentence pas simple comme vous voyez.
En effet, comment les préposés au ramassage et au transfert des matières aux bons endroits, vont-ils faire le juste choix puisque ce genre d’abominations se trame dans l’anonymat le plus complet et souvent dans l’obscurité, les maimaîtres à leurs toutous leur faisant faire ça en catimini voire à la nuit tombée.
Mission quasi impossible…
A moins de bien connaître les bestioles et leurs proprios, évidemment.
Mais même dans ce cas, telle ou telle matière sera-t-elle bien celle de tel ou tel coupable ?
Donc, à mettre en place devant telle ou telle porte d’entrée ?
Et en quelle quantité ?
Et puis, anciennes ou pas, le vieillissement des matières pouvant donner lieu à bien des interprétations. En effet, comment savoir si les criminels sont de simples primo délinquants ou de vieux durs à cuire de malfaiteurs blanchis sous le harnois ?
Et comment savoir s’ils ont sur la conscience un ou une douzaine de méfaits ? Et faire la différence entre une erreur de jeunesse et la pratique du mal ?
Tout cela implique une modulation des peines. Et de la quantité de matières déposées.
D’autant plus, encore, qu’il faut espérer que de l’état solide les…choses en question, n’auront pas eu la mauvaise grâce de passer, pour cause de rosée nocturne, subrepticement à l’état liquide.
Excusez braves gens mais en matière de…matières, c’est-à-dire de la santé de nos amis les chiens, voire de la nôtre, il faut tout prévoir.
Compliqué tout ça. ..
On ne vous le cache pas : on a là affaire à un quasi problème de Santé publique…
Avec, en plus, un vaste problème philosophique à résoudre, directement lié à l’éternelle et dramatique crainte de l’erreur judiciaire.
Ceci est grave.
D’autant plus grave que la sanction aura été promptement exécutée…
Problème crucial non ?
D’autant, encore, que pour parfaire la noirceur du tableau, et en cas d’erreur judiciaire susdite, l’on risque de voir s’instaurer, par pur esprit de vengeance brutale, animale pour ainsi dire, une guerre des… matières, dans le cadre de laquelle les adversaires useront des mêmes droits de représailles, donc des mêmes armes, que leurs bourreaux.
Imaginez, même, que les uns et/ou les autres s’énervent au point…d’en venir carrément aux mains.
Aux armes donc. Enfin, probablement aux armes pas mortelles - encore que le haut Var ne manque pas de chasseurs donc de calibres 12 ou 16 -, mais aux armes pour le moins…euh disons, odorantes.
On est loin de la guerre des boutons ou en dentelles, mais plutôt du genre traditionnellement agressif.
Voilà.
On attend.
Vaguement inquiets on vous l’avoue.
Heureusement, si la guerre se déclarait, LE journal du coin, Var-Matin, toujours attentifs aux graves problèmes du département, ne manquerait sûrement pas, en expédiant ses grands reporters envoyés spéciaux dans le patelin, de vous faire part des péripéties et peut-être même des pertes horribles de part et d’autre de la population d’un village qui, hormis cette bien vilaine affaire, n’avait pourtant aucune raison de se retrouver ainsi emm…disons emmouscaillés dans une possible guerre fratricide.
Bon.
La suite au prochain numéro de Journal-Info ?
D’accord, d’accord, mais attendez un peu qu’on dépouille toutes nos notes.
Non, les autres ne sont pas toutes comme celle-ci mais on a pas mal rigolé quand même.
Au fait, un conseil : aux prochaines vacances, allez, quand même, dans ces coins-là.
C’est chouette, pas trop fréquenté, et, malgré toutes les âneries, ultra vraies, qu’on vous a causées, ça en vaut vraiment vraiment la peine.