Ca vous indigne ?
Vous avez tort.
Je persiste. Si la crise n’existait pas, il faudrait l’inventer.
Je ne vais pas vous raconter tout ce qui vient de se passer par le menu. Tous les journalistes de la planète le font. A tort et à travers, n’importe comment.
Chacun y va de sa plume, de son humeur, de son interprétation, de son expertise mais, et c’est nouveau, beaucoup commencent à ressentir désormais, une sourde angoisse, qui monte qui monte, à savoir la crainte, comme le basique smicard, des lendemains aux parfums enivrants de soupe populaire.
Car si jusqu’ici la profession, -du moins celle qui se répand, nous ‘‘guide et nous fait rêver’’ sur les ondes, les écrans et dans la presse écrite-, pouvait s’estimer à l’abri des gros dégâts à venir, vu ses émoluments et sa confortable situation toujours proche des pouvoirs en place, la crise venant et le gâteau se réduisant, il ne va plus en rester beaucoup pour tout le monde.
Saine trouille certes, mais qui ne va pas concourir à moraliser la profession, au contraire. Devoir assurer son pain quotidien, va contraindre les serviteurs des puissants à se montrer plus dociles encore à leur égard.
La confiance des foules dans cet illusoire quatrième pouvoir va s’en trouver encore plus réduite. Le petit monde médiatique va y perdre beaucoup plus de sa crédibilité (si tant est…), pas seulement pour avoir servi trop bien et trop longtemps ce système qui nous a mis dans la panade, mais dans sa prévisible servilité accrue.
SOMPTUEUSE AUBAINE
Alors ?
Que dire de plus ?
Eh bien que, je me répète, si cette crise n’existait pas, il faudrait l’inventer.
En effet c’est une somptueuse aubaine pour les spéculateurs et profiteurs de tout poil.
Exemple Warren Buffett, l’homme le plus riche de la planète en second ou en troisième, vient d’investir une douzaine ou une vingtaine, on ne compte plus, de millions de dollars dans l’énorme conglomérat US General Electric qui se trouve au plus bas à Wall Street, évidemment, mais qui, compte tenu de la pérennité assurée des besoins énergétiques humains - kifkif les besoins alimentaires - va assez vite voir le cours de ses actions grimper de nouveau.
Achetées, au vraiment plus bas, par notre astucieux bienfaiteur de l’Humanité, les gains vont s’avérer colossaux.
Et il est, bien sûr, loin d’être le seul à profiter de la crise et, au passage, à creuser le trou des dépenses publiques alimentées par les contribuables, puisqu’il faudra bien que quelqu’un paye l’addition. Et si les riches vont devenir encore plus riches, vous pensez bien que ce n’est pas dans leurs poches ni dans celles de leurs semblables qu’ils vont aller chercher leurs petits profits.
FABULEUSE EXCUSE
Autre aubaine : la crise qui flanque la pétoche à tout le monde va devenir, et est déjà chez nous, une fabuleuse excuse pour expliquer pourquoi tout va mal et pourquoi les pauvres vont s’appauvrir encore plus.
Auparavant, la France allait mal à cause des 35 heures. Ou alors, c’était à cause de la valeur somptuaire du SMIC (1), ou, encore, la faute des travailleurs français qui n’étaient pas assez rentables après qu’il leur ait été reproché de travailler moins et d’avoir plus de vacances que tous ceux de la planète en général et des américains en particulier. Ce fut également la faute au nombre de fonctionnaires (2).
Mais foin de tout cela : la crise tombe à point nommé. D’autant plus merveilleuse que non seulement elle va être la raison pour laquelle tout va mal, mais aussi pourquoi tout va aller plus mal encore, en permettant aux fabricants, constructeurs et commerçants de toute espèce, grande distribution en tête, de faire valser les étiquettes, bien à l’abri désormais derrière la seule vraie grande cause de tout : la CRISE !
On vous dit : si la crise n’existait pas, il faudrait l’inventer.
A QUI LE CRIME PROFITE ?.
Un de mes amis m’a même dit : cette abominable catastrophe va même légitimer les augmentations de salaires des grands patrons (3) et des hommes politiques eux-mêmes lesquels, vu l’énormité de la catastrophe, vont devoir fournir un gigantesque travail nécessaire au traitement de ces gigantesques problèmes. Si l’on ne rémunère pas correctement les gros travailleurs, où va-t-on je vous le demande ?
Pourquoi de pas leur offrir, aussi, des primes de risques, au cas où ils se planteraient de nouveau ?
Mieux encore, les grosses boîtes qui auront bénéficié de l’aide des contribuables vont en profiter pour absorber leurs concurrents de taille réduite, condamnées, elles, à disparaître, et mettront ainsi encore plus d’employés à la porte, et au chômage bien évidemment.
Et comme le chômage augmente, eh bien les salaires vont dégringoler. En effet, si le travail ne vous plaît pas, il y en a cinquante qui attendent derrière la porte et accepteront de bosser pour deux fois moins cher.
On vous dit : si la crise n’était pas là…!
Même que, mauvais esprit comme je suis, je vais finir par me demander si, en réalité, elle n’arrange pas vraiment trop trop bien les choses.
Provoquée peut-être ?
Je ne sais pas mais, pour trouver les coupables, les policiers, qui savent de quoi ils parlent, commencent toujours par se poser la question : ‘A qui le crime profite ?’’.
Tiens, au fait et juste comme ça, histoire de parler : on vient d’apprendre que la fameuse mission parlementaire de lutte contre les dérives sectaires a annoncé qu’il fallait, toutes affaires cessantes, travailler très vigoureusement à ladite lutte car il s’agissait là, quasiment, d’une grande cause nationale.
A quand une commission parlementaire de lutte contre les ultralibéraux profiteurs et spéculateurs ?
Si, bien sûr, il s’agit d’une cause réellement très très importante. Vitale quoi....
Ce dont on peut douter vu l’ardeur vraiment toute relative, mise à rechercher, trouver, et punir les véritables coupables et complices, du cataclysme dont nous ne voyons que le début.
Et puis enfin, un malheur ne venant jamais seul, on a appris avec une grande tristesse, que le Star’Ac ne s’arrêtait plus de perdre des parts d’audience.
Le monde est cruel allez…
Maurice CARON
(1) Dixit mâââme Parisot patronne du MEDEF
(2) En oubliant que les fonctionnaires, certes nombreux, étaient surtout mal répartis et qu’en se polarisant sur les fonctionnaires de niveau national, on oubliait un peu le nombre croissant de façon exponentielle des fonctionnaires municipaux dont la quantité s’accroissait à chaque élection pour des raisons trivialement clientélistes connues de tous.
(3) Certes, les dirigeants politiques ont pesté, pas exagérement ongtemps tout de même, contre les vilains ploutocrates PDG et autres patrons voyous, mais...on en reparlera dans six mois…